
Enfin, la France, République constitutionnellement laïque, accepte d'ouvrir son cœur à la spiritualité. Rappelons-nous ce paradoxe typiquement français : comment peut-on se faire le chantre mondial de la liberté de penser et refuser dans le même temps que nos enfants puissent choisir la théorie sur la création la plus en adéquation avec leurs idées ? (Ou avec celles de leurs parents jusqu'à ce qu'ils aient dix-huit ans.) Le nouveau président de la République française, porteur de la notion de
rupture avec la laïcité d'État de ses prédécesseurs, nous offre une lumière d'espoir, voire, pour reprendre son mot favori, d'
espérance.
Le combat pour la laïcité est révoluLa montée des intégrismes a encouragé en France le retour des discours promouvant la laïcité, qui mettent volontairement dans le même sac les intégrismes et la masse de plus en plus nombreuse des croyants modérés, toutes religions confondues. Ici, les
intellectuels français auraient mieux fait de se taire, eux qui ont confondu les principes de la laïcité avec leurs propres idées athées et anticléricales.
Du coup, les défenseurs de la spiritualité se sont engouffrés dans la brèche avec entrain. Nicolas Sarkozy, le premier, a annoncé le
retour du religieux dans la plupart de nos sociétés […]
comme une réalité. Puis il a affirmé :
un homme qui croit est un homme qui espère ; l'intérêt de la République c'est qu'il y ait beaucoup d'hommes qui espèrent. Depuis Pétain, aucun dirigeant français ne s'était de la sorte inscrit dans la tradition de l'alliance naturelle entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel.
Henri Guaino, conseiller du président de la République, enfonce le clou en remettant les pensées dans le droit chemin, lui qui affirme :
la laïcité, ce n'est pas le combat contre les religions, c'est le respect de toutes les croyances. Jusqu'alors, les défenseurs de la laïcité s'en tenaient à sa définition républicaine, en se basant sur le corpus constitutionnel ou législatif. Les deux piliers de la loi de 1905 sont : la garantie du libre exercice des cultes et les limites imposées par l'ordre public. Nulle part il n'est question que la République doive avoir
le respect de toutes les croyances ; affirmer cela au nom de la République est donc une avancée phénoménale pour toutes les religions, dont la nôtre.
Autrefois, avant la rupture, la République devait simplement veiller à ce que l'exercice des cultes se fasse dans le respect de la légalité, garantissant parallèlement à chacun la liberté d'adhérer ou non à un système religieux, spirituel, philosophique, etc., et ce, indépendamment de toute opinion sur les croyances elles-mêmes. Heureusement, aujourd'hui, ces principes semblent s'effondrer. En effet, la présidence de la République française n'est-elle pas la gardienne de sa constitution ? En réagissant ainsi, président et conseillers ne sont-ils pas en train de donner une interprétation de la constitution qui ne peut nous être que favorable ?
On voit que cette impulsion salvatrice incite déjà les athées à baisser les bras, notamment lorsqu'on lit sous la plume de Michel Onfray :
À l’heure où se profile un ultime combat – déjà perdu… – pour défendre les valeurs des Lumières contre les propositions magiques, il faut promouvoir une laïcité post-chrétienne, à savoir athée, militante et radicalement opposée à tout choix de société entre le judéo-christianisme occidental et l’islam qui le combat. Ni la Bible, ni le Coran.
La laïcité positive réduit à néant les dogmes de l'éducation républicaineÀ contre-courant du nouvel athéisme revendiqué par le philosophe Michel Onfray, le président affirme que la France a tout à gagner à une
laïcité positive, à une reconnaissance effective de la place des courants spirituels dans la vie publique, à leur concours dans la définition d'une
morale pour le pays. Ces propos signent la déroute du système éducatif typiquement français, qui veut que les religions n'aient pas leur mot à dire dans la sphère publique en général et dans le monde éducatif en particulier.
La dimension morale est plus solide, plus enracinée lorsqu'elle procède d'une démarche spirituelle, religieuse, plutôt que lorsqu'elle cherche sa source dans le débat politique ou dans le modèle républicain, écrit Nicolas Sarkozy ; nous abondons vigoureusement dans son sens.
Les allusions à une laïcité
épuisée ou guettée par le
fanatisme vont faire des vagues. Ne craignant pas de choquer, Nicolas Sarkozy dit que l'intérêt de la République est de compter des populations qui
croient et
espèrent et qu'il n'est pas de bonne politique sans référence à une
transcendance. Concernant l'éducation, sa position est nette :
l'éducation religieuse qui prêche le bien n'est pas contraire à l'Éducation nationale ; la religion peut aider la République.
Nous voyons aisément ce vers quoi le président français s'achemine :
- Une participation des mouvements religieux à l'établissement des règles et des lois de la République à caractère moral (avortement, personnalité juridique du fœtus, adoption homosexuelle, euthanasie…) ;
- Une participation des mouvements religieux à l'enseignement des matières les concernant au premier chef (création du monde, biologie du vivant, histoire dans un sens large et particulièrement des religions, philosophie…) ;
- Une participation des mouvements religieux aux actes républicains (bénédiction du Parlement avant tout débat d'importance par un rabbin, un prêtre, un imam, un pasteur et un officiant pastafarien ; présence d'un religieux lors du mariage républicain pour donner sens à cette cérémonie ; donner aux religieux une place prépondérante dans les hôpitaux, les prisons, les écoles, les universités, les instituts scientifiques, etc.).
On voit du coup combien la réaction suivante de
Henri Pena-Ruiz peut être dangereuse pour un mouvement comme le nôtre :
La laïcité, sans adjectif, ni positive ni négative, ne saurait être défigurée par des propos sans fondements. Elle ne se réduit pas à la liberté de croire ou de ne pas croire accordée avec une certaine condescendance aux « non-croyants ». Elle implique la plénitude de l'égalité de traitement, par la République et son président, des athées et des croyants. Cette égalité, à l'évidence, est la condition d'une véritable fraternité, dans la référence au bien commun, qui est de tous.
L'ouverture aux religions nouvellesLorsqu'il était ministre des finances, Nicolas Sarkozy avait accueilli en grande pompe à Bercy le nº 1 de la soi-disant Église de Scientologie, le célèbre acteur Tom Cuise. Emmanuelle Mignon, directrice de cabinet du président de la République, a par la suite précisé la position du nouveau locataire de l'Élysée de la façon suivante :
Soit ces mouvements et ces groupes troublent l’ordre public et abusent de la faiblesse psychologique des personnes, et dans ce cas ils doivent être poursuivis et sanctionnés […]. Soit ils ne troublent pas l’ordre public et respectent les personnes, et ils doivent alors pouvoir exister normalement, conformément au principe de la liberté de conscience.
Nul doute qu'à la
Miviludes, le vent du boulet à décoiffé certaines têtes.
Si un mouvement aussi peu fréquentable que la Scientologie a droit de cité dans les hautes sphères de l'État français, que pourrait-il en être pour une religion aussi intelligente et désintéressée que la nôtre ? Le moment est donc tout à fait favorable pour nous de revendiquer la place qui nous est due.
Oui, nous participons au
retour du religieux.
Oui, nous sommes porteurs d'une eschatologie de l'
espérance.
Oui, nous nous inscrivons dans une lecture du monde fondée sur la
transcendance.
Par conséquent, les portes ne peuvent que s'ouvrir pour nous permettre de diffuser la Bonne Nouvelle dans les écoles, les collèges, les lycées et les universités.
Frères et sœurs, exhortons les représentants de nos institutions locales (maires, députés, sénateurs…) à prendre en compte le religieux en général et l'Église du Monstre en Spaghetti Volant en particulier dans tous les actes de la vie républicaine. Soyons les fers de lance du retour du religieux dans les institutions de la République. Œuvrons pour faire valoir les principes de notre foi à tous les niveaux. Nous sommes du bon côté, le Monstre en Spaghetti Volant est avec nous, dans nos cœurs et dans notre vie. Il nous aide à accomplir Sa volonté et à affirmer Sa suprématie sur les êtres et les institutions. Que Son saint appendice puisse vous toucher comme il a touché Nicolas Sarkozy.
Ramen